Dans une tribune récente, l’économiste Jean-Charles Simon expose pourquoi le secteur de l’assurance ne devrait pas connaître de disruption. Le ticket d’entrée y est en effet particulièrement haut, aussi bien d’un point de vue financier que réglementaire. D’autant que, protégé de la concurrence, le secteur a pu entamer sa révolution digitale, ce qui renforce encore sa résilience.
Depuis des années, de nombreux analystes annoncent une disruption majeure pour le secteur de l’assurance. Dans une tribune pour Les Echos, l’économiste Jean-Charles Simon expose pourquoi, au contraire, le secteur de l’assurance se distingue par sa résilience et sa stabilité. Peu de nouveaux entrants, et toujours avec des volumes d’affaire faibles. Et une présence continues des mêmes grands acteurs, qui “semblent faire preuve d’une résistance à toute épreuve, qu’il s’agisse de la crise financière, de la montée des périls climatiques ou de la numérisation”.
Loin de toute disruption, le secteur de l’assurance se caractérise par sa stabilité et sa résilience
Selon Jean-Charles Simon, cela s’explique aisément : “cette stabilité ne doit rien au hasard. L’assurance est l’un des secteurs où les barrières à l’entrée sont les plus hautes : il faut du capital, beaucoup, et surtout faire face à un mur de réglementations, toujours plus élevé au cours des dernières décennies, de la solvabilité à la conformité en passant par l’éligibilité des dirigeants”. Même son principe opérationnel de base, la mutualisation des risques, favorise les portefeuilles déjà constitués.
La banque a connu une offensive des offres 100% numériques portées par des start-up. Mais pas l’assurance, car c’est “un produit à fréquence très faible d’événements”. Seule l’assurance-santé présente un profil qui se rapproche des “néobanques”. C’est le seul secteur de l’assurance où des start-up sont présentes. Mais même les plus dynamiques, comme Lemonade, ne captent qu’une faible part du marché, qui plus est avec des performances financières inquiétantes : en 2019, pour un chiffre d’affaire de 67 millions de dollars, Lemonade a cumulé 109 millions de pertes !
Des investissements massifs dans la numérisation
De plus, le secteur de l’assurance s’est armé lui-même pour faire face à la révolution digitale : “sans grand bruit, le secteur a investi massivement dans la numérisation et sa transformation. Parce qu’il est justement relativement abrité, il a pu se moderniser et travailler à sa rentabilité sans crise sociale”, expose Jean-Charles Simon. De quoi éloigner, pour longtemps encore, le spectre d’une disruption pour le secteur.