Selon la présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA), Florence Lustman, le risque du Covid-19 était systémique et, ainsi, pas assurable. Elle assume en revanche la communication multiple du secteur durant la crise. La FFA travaille par ailleurs avec les autorités sur les contours du futur régime pandémie.
Dans une longue interview, Florence Lustman, présidente de la FFA, revient sur la façon dont le secteur de l’assurance a traversé la crise du Covid-19. Elle rappelle notamment que l’assurance est le secteur privé qui a, financièrement, apporté le soutien financier le plus important, “à hauteur de 3,2 Md€, à savoir 1,75 milliard de mesures de solidarité extracontractuelles et 1,5 Md€ d’investissements pour favoriser la reprise économique”.
Une pandémie, comme le Covid-19, est “un risque systémique, donc non assurable”
Florence Lustman revient aussi sur la question des assurances pertes d’exploitation des entreprises. Elle comprend que, pour de nombreuses PME et TPE, cette assurance ait été vue “comme une bouée de sauvetage”. A tort.
“Nous avons répété depuis le début de la crise que la pandémie était un risque systémique, donc non assurable. Au fil du temps, il est apparu qu’une petite fraction des contrats pouvait néanmoins laisser une marge d’interprétation, avec des clauses qui avaient été rédigées à une époque où personne n’aurait évidemment imaginé la situation que nous connaissons aujourd’hui. Je me réjouis que l’ACPR se soit saisie du sujet. Cela permettra de clarifier les choses avec objectivité et sérénité”, précise la présidente de la FFA.
“Notre secteur est divers avec des modèles économiques très différents”
Florence Lustman assume par ailleurs la communication du secteur pendant la crise. La FFA donnait des messages et orientations générales. Mais ses 280 membres étaient libres de prendre des positions différentes.
“Je conçois que cela ait pu brouiller parfois les messages aux yeux de l’opinion mais c’est cohérent avec la gouvernance de notre secteur. Je l’assume totalement. Il faut expliquer que notre secteur est divers avec des modèles économiques très différents. Cette crise va affecter les assureurs mais pas tous au même degré. Certains peuvent se permettre des gestes commerciaux plus importants que d’autres”, précise Florence Lustman.
La présidente de la FFA évoque également la garantie “pandémie” sur laquelle planche un groupe de travail missionné par Bercy. Elle détaille le projet présenté par la FFA. “Nos pistes de réflexion s’appuient sur un régime public-privé à l’image du régime de catastrophes naturelles, qui devra se montrer très efficace en cas de crise majeure. L’indemnisation doit être rapide, et par conséquent forfaitisée. C’est une solution réaliste et moins coûteuse que si l’on ambitionnait de prendre en charge toutes les pertes d’exploitation. Elle se concentrerait sur les TPE/PME, en première ligne dans cette crise”, détaille Florence Lustman.