Dix ans après la loi Lagarde, la délégation d’assurance emprunteur peine à s’imposer en France. Elle est même en recul en 2019 par rapport à 2018 ! Souscrire cette assurance auprès d’une compagnie spécialisée offre pourtant de solides économies par rapport à l’offre de la banque prêteuse. Mais ce marché pèse près de 10 milliards d’euros. Et, pour sauvegarder leurs marges, les banques utilisent tous les moyens possibles pour le conserver dans leur giron.
Le fait est surprenant : la délégation d’assurance dans le crédit immobilier (souscrire une assurance emprunteur auprès d’un compagnie spécialisée et non auprès de la banque prêteuse) est en recul. Elle couvrait encore 15% du marché en 2018. Cette part est tombée à 12% en 2019. Alors que cette délégation offre de réelles économies aux clients. Le coût de l’assurance peut baisser de 20 à 60% en fonction de l’âge et de la santé du client.
Les autorités favorisent la délégation d’assurance emprunteur, mais les banques font de la résistance
Pourtant, les autorités favorisent l’essor de cette délégation d’assurance. La loi Lagarde, en 2010, l’a autorisé. La loi Hamon, en 2014, a permis de changer d’assureur à tout moment durant la première année du crédit. En 2018, l’amendement Bourquin a ouvert la possibilité de changer tous les ans, à la date anniversaire du contrat. Les banques ont même l’obligation légale d’informer chaque année leurs clients de la possibilité de résilier leur assurance emprunteur.
Pourtant, les banques ont réussi à conserver 88% de ce marché de 9,8 milliards d’euros annuels. Face à des taux d’intérêt bas, les marges des banques, sur les crédits immobiliers, viennent essentiellement de ces assurances. Dès lors, les organismes financiers usent de nombreuses manœuvres dilatoires pour empêcher le client de bénéficier de son droit à la substitution.
Obtenir le crédit, puis changer d’assureur
Manque d’information, menace de refuser le crédit en cas de délégation d’assurance, pressions en tout genre… Pour certaines banques, tout serait bon pour conserver l’assurance emprunteur ! Obtenir un crédit avec une délégation d’assurance se transforme en parcours du combattant. Mêmes les courtiers peinent à jouer sur ce levier, les banques menaçant de ne plus travailler avec eux s’ils les privent de ces assurances.
Dès lors, la meilleure solution pour le client est d’opter pour l’offre de la banque afin d’obtenir le crédit. Puis, dès sa validation, partir en quête d’une compagnie spécialisée. Elle devra simplement proposer les mêmes garanties que la banque prêteuse. Mais à un prix bien moins élevé…