La majeure partie des bailleurs continuent de bouder l’assurance loyers impayés. Elle souffre d’une mauvais image, trop chère et pas toujours fonctionnelle. Elle s’avère pourtant beaucoup plus efficace qu’une caution personne physique. A l’heure des tensions économiques provoquées par la crise du Covid-19, son intérêt doit se poser.
Les bailleurs sont loin de vivre une histoire d’amour avec l’assurance loyers impayés. Seuls 5% de ceux qui gèrent eux-mêmes leurs biens disposent d’une couverture de ce type. Le chiffre ne monte qu’à 15% pour le petit tiers des bailleurs passant par un professionnel pour louer leur bien.
L’assurance loyers impayés n’est pas chère !
“Les bailleurs considèrent bien souvent que la caution physique constitue une protection suffisante. Alors qu’en réalité, celle-ci se révèle inefficace ! Mais elle présente l’avantage d’être gratuite et offre l’illusion de la sécurité”, précise Jean-Paul Boudignon, spécialiste des assurances immobilières et professeur à l’Institut du management des services immobiliers.
L’assurance loyers impayés souffrent de deux grands défauts d’image. Le premier est d’être trop chère. “Une GLI [Garantie Loyers Impayés, NDLR] coûte en moyenne 2 à 3% du montant du loyer. Le loyer moyen s’élève lui à 650 euros en régions et à environ 1.000 euros à Paris. Ce qui veut dire que, même en considérant une assurance chère à 3%, vous protégez votre logement pour environ 240 euros à l’année en régions et 360 euros à Paris. En face, les impayés durent en moyenne huit mois… La GLI n’est donc pas chère !” calcule Jean-Paul Boudignon.
Les bailleurs vont-ils changer d’opinion sur cette assurance ?
Autre écueil, bien réel celui-là, l’assurance loyers impayés a longtemps promis des remboursements qu’elle n’accordait pas ! En effet, ce type d’assurance exige que le locataire gagne trois fois le montant de son loyer. Mais les méthodes de calcul différaient suivant les assurances. Et, surtout, cette solvabilité était jugée au moment du sinistre. De nombreux propriétaires ont eu la déception de ne pas être remboursés, alors qu’ils avaient payé leurs primes. Une bien mauvaise publicité pour cette assurance.
Mais la donne a changé : “Désormais, l’assureur examine le profil du locataire en amont de la signature du contrat, ce qui veut dire que sa solvabilité est acquise et qu’elle ne pourra être contestée à la survenue du sinistre”, expose Jean-Paul Boudignon.
De quoi changer l’image de cette assurance et convaincre plus de bailleurs de la souscrire ? C’est possible, surtout dans une période de crise économique provoquée par le Covid-19. Les impayés pourraient bien, en effet, remonter en flèche dans les semaines et les mois qui viennent.